Cinéma

C’est Evangéline, le poème de Longfellow sur la déportation des Acadiens, qui servit de source d’inspiration pour le premier film produit au Canada, en 1913.  En 1947, l’Office national du film du Canada (ONF) fonde un studio à Moncton (NB). Plusieurs films sont produits sur les Acadiens dans les années qui suivent mais on ne trouve pas de réalisateurs acadiens jusqu’à l’arrivée de Léonard Forest à l’ONF.

Les débuts

Léonard Forest entre à l’ONF en 1954 où il y travaillera une trentaine d’années. Parmi les nombreux films (plus de cent) auxquels il a participé comme scénariste, réalisateur et/ou producteur, citons deux films déterminants dans l’histoire du cinéma acadien : 
Les Aboiteaux (1955 - scénario Léonard Forest, réalisation Roger Blais), est considéré comme le véritable premier film acadien. 
La noce est pas finie (1971) est le premier long métrage réalisé par un Acadien. 
Michel Brault, du Québec, produit en 1969 Éloge du Chiac, puis, en 1971, un documentaire sur les mouvements étudiants à l’Université de Moncton entre 1968-69, L’Acadie, l’Acadie, réalisé avec Pierre Perreault
Création à Moncton, sous l’impulsion de Léonard Forest, du Studio Acadie du Programme français de l'ONF en 1974, avec pour mandat de “donner aux Acadiens et au reste du monde une interprétation de l'Acadie par des Acadiens”. Le studio a produit plus de 130 films et en a co-produit une vingtaine avec des producteurs de la région. La plupart de ces films sont des documentaires. Par ailleurs, le programme Régionalisation Acadie permet aux étudiants en cinéma de travailler durant l'été. 
Paul-Eugène LeBlanc, de Memramcook, est le premier producteur engagé par le centre de production de Moncton (1974). C’est lui qui produira en 1978 Les Gossipeuses, comédie sur les frasques de trois commères dans un petit village acadien, réalisée par Phil Comeau.



Evangéline, réalisé en 1913 

Léonard Forest 

Le secret de Jérôme
Couverture du DVD 

Les successeurs

Phil Comeau - Né à Saulnierville (NE), il étudie l’art dramatique à l’Université de Moncton, puis se lance dans le cinéma en 1976. Il a réalisé plus de cent productions (films de fiction, télé-séries, documentaires). 
Son premier long métrage, Le secret de Jérôme, a été projeté à l’Unesco (Paris), à l’initiative des Amitiés Acadiennes en 1995, en présence de l’actrice principale, Myriam Cyr. Ce film est basé sur l'histoire vraie d'un étranger muet qu'on retrouve abandonné sur la plage en 1863, les deux jambes amputées. Son arrivée bouleversera le destin de toute la communauté. Le film a obtenu 16 prix dans divers festivals de cinéma à travers le monde…
L’un des plus récents films de Phil Comeau (2016), Zachary Richard, toujours batailleur, est un documentaire sur le chanteur louisianais à la recherche de son identité acadienne. Ce film a également reçu plusieurs distinctions. Il a été présenté à Paris et en Europe ainsi qu'un film sur Belle-Ile-en-mer réalisé à l'occasion du 250e anniversaire de l'arrivée des Acadiens dans cette île.
Herménégilde Chiasson – Né à Saint-Simon (NB), cet artiste multidisciplinaire, cofondateur des Productions Phare-Est à Moncton, a commencé sa carrière de cinéaste en 1985. Parmi la dizaine de films qu’on lui doit, signalons Les Années Noires (1995) sur les événements politiques, économiques et sociaux qui ont mené à la déportation des acadiens en 1755. 
Rodolphe Caron, de Lac-Baker (Madawaska, NB), fut cadreur avant de devenir réalisateur pour l’ONF. On lui doit Le Champion (1996), sur Hermel Volpé, champion de tir à l'arc. Par ailleurs, il fut co-fondateur de Cinémarévie Coop Ltée, la seule coopérative de  production cinématographique acadienne dont le but est de former des cinéastes et des équipes de production dans le Madawaska (NB).
Jacques Savoie (NB), écrivain, réalisateur et membre co-fondateur du groupe musical Beausoleil-Broussard dans les années 70, on lui doit plusieurs scénarios dont celui d’une fiction pour la télévision, Bombardier (Prix Gémeaux de la meilleure série dramatique en 1992). Cette mini-série raconte la vie de Joseph-Armand Bombardier qui, avec ses frères, a inventé la motoneige et fondé ce qui est devenu la multinationale Bombardier Inc.
Paul Bossé, poète et réalisateur, pour qui le chiac n’est pas du franglais mais une façon de s’exprimer, il réalise en 2002 Kacho Komplo, un documentaire de 52 mn sur le bar des étudiants de l'Université de Moncton (NB). Dans ce documentaire, composé de séquences d'archives et de tournages récents, la chanteuse Marie-Jo Thério et le groupe Les Païens se déchaînent, mariant poèmes et musique. En 2014, Paul Bossé a réalisé Les Sceaux d’Utrecht (Mozus Productions), documentaire plusieurs fois primé sur le Traité d’Utrecht de 1713 avec le rappeur Samian comme présentateur. Voir Bulletin n°27.

Rodrigue Jean quitte son Acadie pour aller étudier le théâtre au Conseil des arts du Canada à Londres, puis se tourne vers le cinéma. En 1995, il réalise La Mémoire de l'eau, une vidéo qui remportera  à l'Atlantic Film Festival de Halifax le prix du Meilleur scénario et le prix du Réalisateur le plus prometteur. Entre 1995 et 1997, il tourne La Voix des rivières, documentaire sur les Acadiens du Nouveau-Brunswick. En 1999, il réalise son premier long métrage, Full Blast, (récompensé au festival du film de Toronto). Parmi ses autres réalisations, citons le très apprécié Yellowknife (2002) et Lost Song (2008, prix du Meilleur film canadien au Festival international du films de Toronto et prix de la Meilleure oeuvre acadienne au Festival International du cinéma francophone en Acadie).



Phil Comeau 
Anne-Marie Sirois 
Herménégilde Chiasson 

Quelques femmes

Ginette Pellerin (Qc) arrive à Moncton en 1975. Co-fondatrice des productions Phare-Est Inc., elle a réalisé plusieurs films dont Evangéline, docudrame explorant les aspects mythiques et réels d’Evangéline.
Claudette Lajoie (NB), réalisatrice et intervieweuse pour la chaîne communautaire Télé-Public desservant le Nord-Est du Nouveau-Brunswick,  a en outre réalisé plusieurs documentaires. 
Monique LeBlanc, de Bouctouche (NB), réalisa divers films dont, en 1996, un portrait (53mn) d’Herménégilde Chiasson, et, en 2009, une présentation en 5 mn de la chanteuse Edith Butler pour les Prix du gouverneur général sur les arts du spectacle. 
Renée Blanchard, née en 1964 à Caraquet, (NB), complète ses études à la FEMIS, l’Ecole nationale du cinéma à Paris (section réalisation) en 1990. En 1989, elle est la plus jeune membre du jury du festival de Cannes. Parmi ses films les plus récents : Les Héritiers du Club, 2014.
   

Le cinéma d’animation

Anne-Marie Sirois (NB), animatrice, dessinatrice-scénariste et caricaturiste, sculpteur, elle a réalisé plusieurs films d’animation : Pssst, 2003 - Joséphine, 2000 (…), sans oublier l’excellent Animastress en 1994. Plus d'info sur son site

Dano Leblanc (NB), musicien et dessinateur acadien, il crée au début des années 2000 la bande dessinée Acadieman pour le journal Mascaret de Moncton. Acadieman est le premier superhéros acadien, ou plutôt un anti-héros !… Cette BD est adaptée en série animée par Télévision Rogers (NB), puis, devant le succès, un long métrage, Acadieman vs. le CMA, est réalisé en 2009 et diffusé sur CapAcadie.com, à la Télévision Rogers et dans quelques salles. Plusieurs DVD de différents épisodes sont en vente. 
Depuis 2006, Dano (Daniel) LeBlanc a obtenu plusieurs prix dont le Prix La Vague/Léonard Forest Meilleure œuvre acadienne moyen ou long métrage (FICFA) en 2009. 

Un tournant vers le Web

Depuis peu, avec la collaboration du Groupe des Technologies de l’Apprentissage de l’Université de Moncton, le Studio Acadie du Programme français de l'ONF s’est orienté vers la production numérique multiplateforme. Il devient ainsi la première production interactive uniquement destinée au web. Ce qui va lui permettre une nouvelle collaboration avec l’Université de Moncton pour un projet Web interactif sur la langue française. Projet qui promet d’être fort intéressant pour les communautés francophones canadiennes.

Festivals et événements

Le Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA)
Créé en 1987, à l’occasion du 2e Sommet de la Francophonie à Québec, le Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA) a pour mission de “faire connaître le cinéma francophone et acadien en Acadie et dans la Francophonie canadienne et internationale”. Il se tient chaque année à Moncton. Voir Bulletin n°27.

Une “fin de semaine acadienne” à Paris
En mars 1991, les Amitiés Acadiennes ont organisé – en collaboration avec Cultura Latina et les services culturels de l’Ambassade du Canada à Paris –, une fin de semaine consacrée à la production cinématographique francophone dans les Provinces Maritimes et à des films tirés d’œuvres d’auteurs acadiens. Plus de 12 films ont été projetés, dont Les Gossipeuses de Phil Comeau, Robichaud portrait d’un sénateur, d’Herménégilde Chiasson, Les femmes aux filets de Claudette Lajoie, La vie sur Mars, le premier film de Renée Blanchar… 
Cette manifestation, présentant pour la première fois en France le cinéma acadien, a débuté par une conférence du cinéaste-poète-peintre, Herménégilde Chiasson, venu spécialement d’Acadie pour cette occasion.
Le Grand Tour 2017 - Voyage en Francophonie
Cette année 2017, le FICFA a été sélectionné dans le cadre de l'initiative internationale “Le Grand Tour 2017 - Voyage en Francophonie”. Il s'agit d'une initiative du gouvernement français qui rassemble cent festivals et événements culturels francophones ayant lieu en 2017, dans le but de faire rayonner la francophonie culturelle sur les cinq continents. Le FICFA figure parmi les quatre événements sélectionnés au Canada et est le seul situé à l'extérieur de Montréal.